Francfort sur le Main (1) : les adieux.

26 Juillet 2010 : étape de quelques heures à Francfort sur le Main.

Tous droits réservés - All rights reserved (art L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle).

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     Dans mon souvenir, la journée avait débuté vers 05h, le réveil matinal me permettant d'une part de boucler mon sac et d'autre part de capturer encore quelques images dans le boitier de l'appareil photo. La journée s'annonçait longue en heures de train mais captivante en images pour les yeux. Après 30-40 minutes de trajet jusqu'à Aschaffenburg (voir plus tard le détail), les derniers adieux pudiques tout en retenue. Une légère pluie fine et froide, un ciel gris foncé n'égayaient pas davantage l'ambiance. Au loin, des travaux dans la gare. Puis, le train est annoncé et entre en gare. Chargée comme un mulet, j'escalade les escaliers du wagon surchargé. On est à l'heure de pointe, pour une destination finale à Frankfurt am Main. Juste le temps à quelques passagers de monter et les portes se referment très rapidement. Pas la peine de chercher sa place, personne ne peut se mouvoir sans marcher sur les pieds de ses voisins. Un dernier regard vers le dehors et le train s'ébranle. Il quitte bientôt la Bavière, traverse diverses gares dont celle d'Hanau puis - après avoir été secoué 45 minutes tel un jus d'orange dans sa bouteille ovale - ralenti peu à peu à mesure de l'arrivée gare de Frankfurt.


     La gare de Frankfurt am Main (der Frankfurt am Main Hauptbahnhof) est un monument à elle seule. La vieille dame voit passer environ 140 millions de passagers chaque année, ce qui fait probablement d'elle la seconde gare par l'influence d'Europe. A noter que la Hauptbahnhof est une voie sans issue, pour dire simplement : les trains arrivent et en repartent dans la même direction quelque soit les destinations.

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     Ouverte le 18 août 1888, un accident se produit dès le premier jour : un train ne freine pas suffisamment, écrase un butoir et endommage le quai. 1901, nouvel accident, un train retardé en provenance de Vienne percute, dans la gare, un train à l'arrêt. Cette catastrophe ferroviaire est à l'origine de l'invention d'un frein indépendant situé en dehors de la cabine du conducteur.

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     La gare est étrangement épargnée par les bombardements de la ville à la fin de la seconde guerre, néanmoins la majorité du vitrage a explosé, et des panneaux de bois, protégeant les passagers de la pluie, resteront présents jusque dans les années 1950.

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     Mon train vers Strasbourg via Baden-Baden ne serait en gare que dans quelques heures, ce qui me laissait le temps de flâner dans la ville. Dès la sortie de la gare, je pris de très nombreux clichés, néanmoins je marchais la tête vide. J'avais repéré préalablement sur un plan de la ville, qu'en trouvant le Main, le repérage serait plus aisé et les monuments intéressants. Donc direction le Main, toujours chargée comme un mulet. En plus, je trainais une valise inadaptée, un mauvais choix certain (l'expérience forme la jeunesse), un gros sac de randonnée aurait été moins fatigant mais passons. Les rues étaient passantes et bruyantes, mais je devais avoir échappé à l'heure de pointe matinale (il était approximativement 9 heures). Le ciel, totalement bouché par un brouillard pénétrant et froid, me fit fermer ma veste ! Et puis, je vis la structure galbée et cyan d'un pont contemporain. Ainsi, voici le Main, rivière allemande de 527 kilomètres déjà aperçue à Würzburg et Aschaffenburg, qui se jette dans le Rhin au niveau de Mayence (Mainz). Fortement canalisé et bétonné au niveau de la cité de Hesse, il offre de nombreuses promenades le long de ses rives pour tous les usagers.

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    Lors d'une halte, j'en ai profité pour petit-déjeuner. Je me souviens de ne pas me sentir bien, comme emplie d'une soudaine et profonde tristesse. Et de m'avoir répété plusieurs fois "c'est fini, c'est fini avant même d'avoir véritablement commencé". Et puis je me suis reprise et j'ai poursuivi ma ballade désormais sous un léger crachin.

A la sortie de la gare, les immeubles ne sont que publicités !

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    L'heure pressait, pour ne pas me procurer des sueurs froides, il était temps de faire route vers la gare. Mais cette fois-ci non pas en longeant le Main, mais en me faufilant entre les grattes-ciel de la cité financière (voir épisode 2 sur Francfort). Retour dans la gare, devant le panneau des alertes liées aux informations ferroviaires m'attendait une mauvaise surprise : trois trains étaient retardés de deux heures, dont le mien. J'ai interpelé un bonhomme à la cravate et au béret rouge (personnel de gare DB) pour obtenir une confirmation. Il a même facilement réussit à me comprendre en allemand, je fus contente : "le train était en retard mais pour un temps inconnu". D'un naturel patient, j'ai pris le parti d'ouvrir grand mes yeux et mes oreilles plutôt que de râler en pure perte. L'appareil photo fut évidement de la partie. J'ai donc acquis de nombreuses photographies de la gare pendant les deux heures d'attente, pourtant, toujours pas de train. Finalement une agent de gare me conseilla de prendre un train à destination de Karlsruhe. Elle me fit un mot sur un espèce de papier de récupération qu'elle avait en poche. Le trajet jusqu'à Karlsruhe se déroula sans encombre. Toutefois en descendant de nouveau sur un quai de gare, je m’aperçus que je venais de manquer la correspondance vers Strasbourg. Mince de mince, petit moment de stress, je me voyais déjà dans la pire des situations, coincée à Karlsruhe pour la nuit, voir des jours entiers ! Une voix et des paroles françaises m’interrompirent alors, enfin paroles françaises, non, franglaises serait plus juste ! Une dame, la soixantaine passée, venant de Lübeck, essayait de me demander en anglais comment aller à Strasbourg. Par la suite je me rendis compte d'ailleurs qu'elle devais avoir un quota minimum de mots à dire par jour (il n'y a que lorsque je fermais les paupières, qu'elle utilisait le livre placé dans ses mains) ! Un petit moment de rire passé, me voilà lancé en allemand dans le récit de notre situation avec un contrôleur. Jovial et accessible, il nous répondit dans un bon français et nous tendit un second petit papier explicatif ! Encore fallait-il que je ne perde pas cette petite dame dans les starting block. Nous voilà montées pour un train, destination Offenburg ! Faute d'autres possibilités, la dame fit déplacer des collègues de travail pour que nous puissions nous assoir. Passer cette semaine en Allemagne m'avait fait progresser dans la compréhension oral, leur discussion était compréhensible, ce qui me ravis. Pour terminer, je me rappelle avoir fait tomber par inadvertance ma valise sur le pied d'un des deux hommes. Bref, les grosses enquiquineuses en puissance ! Sur le quai de la gare d'Offenburg, la dame de Rouen tout autant "au taquet" dans mon dos, me vint une idée lumineuse, .... si si lumineuse est le mot juste au regard de la journée et de mon accompagnatrice ne tenant pas en place.  Offenburg dans ma géographie mentale, c'était tout proche de la métropole alsacienne, donc malgré la frontière, il devait bien exister des tramways, des bus faisant la liaison entre les deux villes etc... Et plutôt que de suivre le conseil d'un contrôleur voulant nous faire retourner à Baden-Baden, je pris seule une sorte de tramway passant par Kehl et s'arrêtant vingt minutes après en gare de Strasbourg. Second passage de la frontière, un tantinet nostalgique.

Cette retouche est la preuve d'une tentative ratée. Maître Fabi, je vous écoute....
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     Écrire ces lignes me fait encore sourire, j'aurai aimé connaitre le sort de ma passagère, avait-elle trouvé son train vers Strasbourg ? Malgré tout ce retard, je suis parvenue à monter dans mon train m'amenant de nuit vers la cité des ducs de Bretagne. Hormis un garçonnet de 10 ans, le compartiment était quasiment vide, j'ai pris mes aises, en essayant diverses positions couchées pour les 12 heures de train. Et finalement, ne parvenant pas à somnoler, j'ai assisté au plus beau coucher de soleil de ma vie (coucher jamais égalé à ce jour).

E.M

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