Exposition "Nantais venus d'ailleurs".

     Découlant d'un questionnement personnel, je voulais aborder un point précis qui provoque en moi un vif agacement. 

     Commençons d'abord par la question : comment une exposition dite "sérieuse" peut-elle banaliser de grosses bêtises ? La question pouvant se généraliser sous cette forme : comment sous couvert d'un partage de la connaissance, certains médias, certaines institutions sont amenés à manipuler/orienter/guider notre pensée ? Ainsi, en ces temps de forts recours à de multiples idéologies politiques, je vous en présente une autre, locale : la négation du passé breton de Nantes. L'outil utilisé cette fois-ci : cette exposition qui a eu lieu à Nantes, au château des Ducs de Bretagne jusqu'au 6 novembre 2011, Nantais venus d'ailleurs avec pour sous-titre Histoire des étrangers à Nantes au XXe siècle. C'était à priori une très belle idée d'exposition de qualité, à priori seulement...

     (Avant de juger mon propos comme un relais militant, je tiens à souligner que je ne milite pas pour l'UDB) Un parti politique a d'ailleurs vivement protesté vis à vis de certaines erreurs volontairement exposées. Et ils l'ont exprimé mieux que je ne le ferai.



     Dans la vidéo, ce qui n'est pas clairement explicité : lorsque Louis Kervarec arrive à Nantes en 1921, la ville fait encore partie de la Bretagne. Donc non seulement Louis n'est pas "étranger" à Nantes ou encore pire en France (ou c'est défendre les indépendantistes bretons : la Bretagne n'est pas française, et dans ce cas je ne comprends plus rien !), mais il est encore moins étranger dans une nouvelle région (en 1921, il n'a pas quitté la Bretagne !). Pour rappel, la Loire inférieure devenue atlantique est séparée de la Bretagne en 1941 par le régime du maréchal Philippe Pétain. Ainsi aurait-on dit aujourd'hui d'un Normand venant s'installer à Bayeux qu'il était "étranger" parce qu'il était originaire de Rouen... non, puisque ce propos aurait été considéré comme totalement absurde !

     L'histoire, la littérature, la géographie, les traditions vestimentaires ou artistiques, la gastronomie de la Bretagne ne sont pas enseignées à l'école. Je ne connais personne de ma génération qui ait appris à l'école qui était des personnalités comme Nominoé, Alain Barbetorte, Robert Surcouff, René Pleven, Kofi Yamgnane voir Anne de Bretagne et bien d'autres. De même, nous n’apprenons pas non plus ce qu'évoquent ces mots : Penthièvre, Trégor, calvaire, cotriade, gwenn ha du, l'an-dro, l'Odet, l'Argouat par rapport à l'Armor, les monts d'Arrée, Pleumeur-Bodou, l'usine marrée-motrice de la Rance, les penn-sardines ... ... ... 
On ne sait jamais, cette connaissance pourrait donner de mauvaises idées aux Bretons... Et puis après on ne pourrait plus écrire toutes les bêtises possibles...

     Alors, pour les générations futures, ayons au moins le respect des réalités historiques. C'est vrai, il faut bien reconnaitre que la tâche n'est pas aisée pour les pro-Ligériens : effacer le fait que l'histoire de la Bretagne se fasse avec Nantes depuis le Ve siècle jusqu'en 1941 n'est pas facile. C'est tellement mieux de mentir sciemment ! Les idéologies sont toutes recevables à partir du moment où elles ne réécrivent pas l'histoire, ne manipulent pas des données ou des images. Si on conteste un présent et un futur breton de Nantes, très bien, c'est une pensée possible, mais il ne faut pas réécrire bêtement l'histoire comme s'est abaissé à le faire cette exposition. Personne n'en sort grandi. Ce n'est moralement et intellectuellement pas acceptable.
 

E.M

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