Le berlingot de mer vaut-il finalement de l'or ?

      En juin 2012 (ici), j'évoquais avec vous les espèces nuisibles présents en Bretagne (le wakame, le ver parasite...). J'avais notamment cité le cas de la crépidule américaine arrivée sur nos côtes avec les barges du débarquement en 1944. Après avoir visionné un documentaire très intéressant sur ce petit gastéropode sur France 5, j'aimerai apporter des compléments à mon précédent article.

      Très bien implantée, pratiquement invincible et inexploitable à cause d'une chair résistante et élastique, elle a rapidement bouleversé les équilibres écologiques. Et en éradiquant les autres spécimens par sa simple présence et sa reproduction rapide - est capable d’accroître sa colonie de 10 % par an - les activités humaines (pêche...) n'étaient pas non plus épargnées par cette réduction de la biodiversité marine. Il faut savoir que la crépidule pullule particulièrement dans les zones où huîtres et coquilles Saint-Jacques se développent d'ordinaire. Si bien que nombre de chercheurs, de professionnels de la pêche, d'élus annonçaient déjà la fin d'une période prospère pour nos littoraux.

     Seulement, ce coquille, considéré par tous comme un parasite, pourrait peut-être représenter une aubaine économique. C'est le pari un peu fou d'une PME bretonne du Finistère, Britexa. Selon elle, malgré les apparences, les intérêts de la crépidule sont nombreux :

1. C'est une ressource très abondante et totalement inexploitée pour le moment car impropre à toutes consommations humaines et animales. Il fallait donc repenser autrement comment tirer profit de cet envahisseur.

2. Or, la coquille très dure de la crépidule est composée à 95 % de carbonate de calcium. Celui-là même qui était recherché dans le maërl breton... . L'exploitation du maërl désormais interdite, la crépidule, une fois broyée, deviendrait un engrais ou un complément alimentaire du bétail (apport calcique) providentiel.

3. Au prix d'1,5 million d'euros et de 3 ans de recherches, Britexa est parvenue à un nouveau procédé permettant d'extraire la chair et de rendre ainsi possible la consommation du berlingot de mer, au même titre que coquilles Saint-Jacques, huîtres ou moules. La forte présence de la crépidule en ferait en produit de consommation courante et surtout selon les prévisions, un produit abordable aux alentours de 2-3 € le kilo.

4. Autre domaine possible : la pharmacologie. En effet, les recherches ont constaté que la crépidule était riche en protéines complexes et en oligo-éléments.


      En 2009, une usine d’exploitation du berligot de mer ouvrait à Cancale. Elle affichait pour objectif le traitement de 10 à 20 t par jour.

Pour en savoir plus :
Evolution du niveau de recouvrement par les crépidules dans la baie du mont Saint-Michel
Carte de la répartition de la crépidule dans le monde
Le fabuleux destin de la crépidule, Agence Bretagne Presse.
Bon comme un coquillage 4 étoiles !


H.M

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