Question ludique : la demoiselle.

Qui est la demoiselle de Loctudy ?







La langoustine bretonne bien sûr !


     La demoiselle de Loctudy reste encore aujourd'hui l'or rose du pays bigouden. Pourtant jusqu'à la fin du XIXème siècle, l'animal était considéré comme nuisible dans les filets de pêche et aussitôt rejeté à la mer. Toujours peu apprécié avant la Seconde Guerre mondiale, la langoustine est, depuis, très prisée pour sa chair maigre et délicate ainsi que pour la multiplicité des recettes possibles (pochée, poêlée, flambée, grillée..., en compagnie de poisson, d'algues, de coquilles saint-Jacques...). 




     La langoustine passe le plus clair de son temps dans un terrier qu'elle creuse dans les fonds vaseux. Elle n'en sortira guère que pour se nourrir de mollusques ou de petits crustacés. Vivante, la très courtisée nephrops norvegicus se teinte de couleurs jaune-rosé et est surtout translucide. Capturée et à plus forte raison cuite, la langoustine revêtira des nuances plus rouges-brunes. 







La pêche de la langoustine

La pêche aux casiers demeure minoritaire.
     Débarquée en fin d'après-midi dans les ports bigouden pour être aussitôt vendu sous criée, la demoiselle de Loctudy abonde particulièrement en période estivale. C'est en effet d'avril à août que la flotte bretonne pêche principalement le petit crustacé n’excédant pas 20 cm de long. 

      En partenariat avec les chercheurs de l'IFREMER, la flottille bretonne n'a d'ailleurs de cesse d’innover pour améliorer la sélectivité des engins afin de préserver la biodiversité marine. Ces innovations sont un enjeu essentiel pour la survie de la filière puisqu'elles limitent les rejets de juvéniles (langoustines trop petites et ne s'étant pas encore reproduites) tout en réduisant la mortalité des prises dites "accessoires", comprenant de petits merlus, merlans, chinchars et maquereaux. 


  • 2002-2004 :  le premier dispositif sélectif est mis au point, il laisse échapper les petits merlus capturés sur les mêmes zones de pêche que les langoustines. Efficace, il est généralisé puis rendu obligatoire par les pêcheurs eux mêmes. 
  • 2005 : les professionnels font d'ailleurs homologuer cette solution innovante devant la Commission européenne.
  • 2008 : les pêcheurs développe un nouveau dispositif, les filets sont tous équipés d'une grille à grande maille n'emprisonnant que les gros spécimens de langoustine. Ainsi, il réduit de 25 à 35 % la capture des juvéniles. Ce dispositif est rendu obligatoire par le Conseil des ministres européens pour obtenir une licence de pêche.
  •  Un chiffre représentatif : 9 cm. Il faut savoir que du rostre à la queue, la Commission européenne interdit la pêche des langoustines inférieure à 7 cm. Les quotas de langoustines en 2011 pour l'Union Européenne : 69.557 tonnes contre 82491 tonnes en 2008 dont 3.900 t alloués aux bateaux français. En plus de l'amélioration de leur engin de pêche, les pêcheurs bretons se sont engagés à ne prélever que les individus de plus de 9 cm soit environ 70 millions de langoustines de sauvegardées.
     

     Depuis les années 2000, les instances européennes citent unanimement en exemple le cas des pêcheurs bretons de langoustine pour leur démarche de pêche responsable.
    



Comment retrouver la demoiselle de Loctudy sur l'étal de votre poissonnier ?

     Attention, la mention "pêchée en Atlantique Nord-Ouest" ne correspond pas à la Bretagne mais au Canada-Etats-Unis (zone 21). La Bretagne, elle, se situe dans la zone 27 dite "Atlantique Nord-Est" et allant de Gibraltar au Pôle Nord. Mais la langoustine vivante de nos côtes ne se pêche que dans la Golfe de Gascogne.


     Enfin, l'étiquette "Bretagne Qualité Mer" garantit une traçabilité du produit et témoigne  de la démarche responsable des pêcheurs en faveur de la biodiversité marine.

L'ombre au tableau quant à l'avenir de la demoiselle de Loctudy : le clapage des boues.

     Le clapage des boues désigne l'action consistant à rejeter en mer des substances solides provenant généralement d'un dragage d'un port côtier. Or le clapage pose 3 gros problèmes majeurs :


1. Le transfert de ces sédiments de la côte à la mer multiplie les zones polluées. En effet, les sédiments contiennent souvent des métaux lourds, des pesticides... qui vont ensuite se retrouver dans les milieux marins.


2. La retombée des sédiments en mer participe à asphyxier voire à détruire la faune et la flore du lieu du rejet. Par exemple, il faut savoir qu'à partir de l'ouverture de la cale du navire évacuant les boues, les sédiments en suspension viennent colmater les branchies des poissons.


3. La turbidité de l'eau ainsi que la dispersion de particules en suspension parfois toxiques vient perturber les différents cycles du vivant. Prenons comme exemple la photosynthèse, étape fondamentale pour la création du vivant. Or le panache de particules réduit la pénétration des rayons solaires dans l'eau. Sans énergie solaire, pas de création et donc le milieu "vieilli" jusqu'à disparaître progressivement.


     Or les autorités portuaires ont eu tendance à multiplier le clapage des boues ces dernières années, ce qui vient, il faut bien le dire, saper tous les efforts de pêche responsable des pêcheurs de langoustines.



Les articles traitant du clapage des boues sont nombreux, si j'ai piqué votre curiosité, je vous invite à lire les articles suivants :

Le Monde, Une quarantaine de bateaux de pêche empêchent le rejet en mer des boues d'un port breton, 22 mai 2013.
Ouest-France,  Rejet des boues du port, le trait de chalut de l'Ambre, 24 avril 2013.
Facebook, Stop au clapage des boues du port de Loctudy. La page fourmille d'articles, de vidéos intéressantes sur le sujet.
Un Blog, Regard sur la pêche et l'aquaculture, Stop au clapage. Opération sauvage de la "Demoiselle" du Pays Bigouden.
Le Télégramme, le journal a traité à de nombreuses reprises du sujet.

Pour en savoir plus sur la demoiselle de Loctudy :

ici, Embarquez pour une formidable journée de pêche, Tourisme Bretagne.
ici, un reportage de TF1 où la langoustine est reine au port du Guilvinec (29).
ici, une archive INA d'avril 1997 avec la question des zones de pêche de la langoustine.

H.M

Commentaires