9 janvier 1944 : décès de l'un des derniers peintres impressionistes.

     Paysagiste de renom, Emmanuel comte de La Villéon naît en 1858 à Fougères dans une famille de la moyenne aristocratie bretonne (son arrière grand-père Jean-Baptiste, amiral, s'illustre pendant la Guerre d'indépendance des États-Unis aux côtés du marquis de La Fayette). A 7 ans, sa mère aimante décède, plus tard ses trois sœurs vont mourir prématurément. Une mélancolie s'installe chez le jeune homme qu'il gardera sa vie durante.

      Il est envoyé à l'école chez les jésuites de Vannes mais pas très bon élève, il préfère caricaturer ses professeurs dans un coin de ses cahiers. Sa famille ne lui en tient pas rigueur, au contraire, elle l'encourage. Seul son père émet des réserves quant à son avenir. Après le service militaire du jeune Emmanuel, il accepte finalement de le laisser s'installer à Paris en 1880 afin d'y recevoir une formation de peintre. Travailleur toute sa vie, hypersensible et d'un naturel très indépendant, il cultive néanmoins un don pour les amitiés durables comme celle avec le peintre Alfred Roll. C'est d'ailleurs accompagné de ses amis, qu'il voyage et peint les étangs de Sologne aux levers ou au couchers du soleil. Ses teintes d'abord empruntées à ses contemporains Monet et Cézanne deviennent siennes. Il est le peintre de l'harmonie, de la joie tranquille, de l'équilibre, de la sérénité paysanne, où même les misères sont rabotées par le rythme lent des saisons.


1. Lever de soleil, 1901.
2. Forêt de Clohars, 1895, 35*27.
3. Verger en fleur, 1896, 23*28.
4. Villerville, 1886, 31,5*54.


      En 1888-1889, son voyage en Hollande lui apprend une nouvelle lumière. Grâce à son mariage, il séjourne régulièrement dans les Alpes suisses, près d'Yverdon. Malgré ses nombreux déplacements entre Suisse et Paris, et entre Yonville et Mayence (chez ses filles), il n'oublie pas pour autant la Bretagne et séjourne régulièrement au château de Montmuran, nouvelle acquisition de son frère. Il recherche la poésie des paysages, des arbres, des chemins liés à son enfance. Lors du premier conflit mondial et à la mort de ses beaux-parents, le chalet familial suisse est vendu, Emmanuel de la Villéon ne reviendra plus en Helvétie. Il quitte également Paris et achète une propriété dans le Nivernais.

      Le succès est rapidement au rendez-vous pour le peintre naturaliste solitaire, et prolifique (il serait l'auteur de plus de 4.000 toiles). En 1918, 9 toiles sont exposées aux États-Unis, d'autres sont achetées par l’État français, d'autres encore sont ajoutées aux collections permanentes des musées de Morlaix, Rennes, Cosne et Vannes. Répondant aux nombreuses commandes de collectionneurs privés, il achemine des toiles aux quatre coins de la planète principalement en Amérique du Nord, Europe et Japon. En 1943, à 85 ans, il termine une exposition parisienne, où curieux et passionnés se sont pressés si bien qu'il prépare une rétrospective pour l'hiver de la même année. C'est en se rendant à Paris en novembre qu'il contracte une pneumonie. Il continue de peindre jusqu'à sa mort, il y a 70 ans ce 9 janvier. De nombreuses œuvres seront données par sa famille à la ville de Fougères afin de permettre la création d'un musée à son nom.


Pour en savoir plus :
ici, les informations pratiques sur le musée Emmanuel de la Villéon à Fougères.
ici, E. La Villéon a peint la neige en couleurs, Ouest-France, 24.12.2010.

Autoportrait. A retrouver ici.

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      Emmanuel de La Villéon was born at Fougères on May 29, 1858, the fourth child of a Breton family with a fine tradition. His grandfather had been a naval officer ; and his great-grandfather, Admiral de La Villéon, had been a companion of General de La Fayette. While Emmanuel was still very young, he was sent to the Jesuit boarding school at Vannes. In the tradition of schoolboys, Emmanuel de La Villéon sketched all over the margins of his copybooks, but instead of drawing caricatures of his teachers, he traced trees. The family approved and admired, for after all, their family sympathized with such efforts since Count de La Villéon’s sister, Caroline, did portraits in oil.


      Emmanuel’s mother died when he was seventeen.  She was young and tenderly loved by her five children, and her early death cast a veiled melancholy over the life of Emmanuel, a melancholy whose reflection could at times be seen in hi later work.  By the time he was twenty-three, he had completed his military service and had suffered still another loss.  His three sisters had died, and only his father, brother and himself were left.  Emanuel wanted to paint.  Finances were no problem for the family, but he had to secure his father’s approval of his plan to go to Paris to study art.  Count de La Villéon finally agreed and escorted the young man to Paris himself.  In 1880, the trip from Fougères to Paris was a veritable expedition of stagecoach and railroad, and a young man of good family had to be properly settled in Paris before being left to his own devices. He had no pecuniary worries and could give himself entirely to the study of art.  He had a genius for working steadily, a gift he never lost during his long life ; he had a very sensitive but very independent temperament ; he had a gift for making friends.


      From that time on, Emmanuel de La Villéon abandoned the dim light of the studio, and painted from nature, struggling like the Impressionists to synthesize light and color. In the company of his friends, he went to Sologne to paint the ponds under miss or sun, in the early morning or at twilight. He made a trip to Holland in 1888. His marriage brought a new element into his life – Switzerland.  His wife’s family owned a chalet near Yverdon. Though he studied, lived and worked in Paris, de La Villéon never forgot his native Brittany and returned there each year to work at this brother’s home, Château de Montmuran, near Rennes. The outbreak of war in 1914 ended his ties with Switzerland.  His wife’s parents died, their Swiss property was sold ; de La Villéon never returned to that country.  He also left Paris, having purchased a home in the Nivernais.


      In 1918, nine large paintings by de La Villéon were exhibited in America. Three of his paintings were purchased by the French Government ; his paintings were added to the permanent collections of the Museums of Morlaix, Rennes, Cosne and Vannes.  Collectors in Canada, the United States, England and Japan purchased his work. When the Second World War broke out, Emmanuel de La Villéon divided his time between Paris and Yonville, where his third daughter lived, still painting.  He passed the entire summer of 1943 at Yonville, painting in the open air.  He was eighty-five years old ; he had just had a brilliantly successful Parisian exhibition ; he was preparing for an important retrospective exhibition of his work the following winter in Paris.  In November 1943, he went to Paris to make final preparations for it and, in January, contracted pneumonia.  He died on January 9, lucid and serene, still thinking of his work.


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      Emmanuel de la Villeon, war einer letzten großen Impressionisten. Er wird in seinem künstlerischen Charakter beschrieben als der Maler der Harmonie, der Ausgeglichenheit, stiller Freude und Gelassenheit. Er entstammte einer alten bretonischen Adelsfamilie. 1880 begann er an der Academie Julian in Paris, wo er anfangs dem Malstil der École de Barbizon huldigte. Er tendierte bald aber zu einem Impressionismus in der Art von van Gogh und Seurat und debütierte 1888 im Salon des Indépendants mit großem Erfolg. Seine Werke wurden folgend im Salon Nationale des Beaux-Arts und ab 1903 im Salon d'Automne gezeigt. Heute ist sein Geburtsort Fougères und das dortige Museum Emmanuel de la Villéon ein Anziehungspunkt internationaler Kulturtouristen.

H.M

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