19 juillet 1789 : la prise du château des ducs de Bretagne.


      Dès le début de la Révolution, le Château des ducs de Bretagne est considéré par les Nantais comme le symbole de l’arbitraire royal, puisqu'il abritait du matériel de guerre pouvant être utilisé contre le peuple. C’est la " Bastille " des Nantais. Aussi, après les évènements parisiens du 14 juillet 1789, le 19 du même mois, quelques centaines de patriotes, des miliciens de la ville, des soldats de la Garde Nationale se présentent à la porte du Château. Les meneurs exigent, au nom du peuple, que le major de la place, Monsieur de Goyon, leur livre la forteresse. Ce dernier ne résistera pas, à l'inverse du gouverneur de la Bastille parisienne. Il sauve ainsi sa tête, le sang n'est pas versé et la fête révolutionnaire commence en douceur à Nantes. 

Le Château des ducs de Bretagne pris par une centaine de révolutionnaires. Clin d’œil de la prise, beaucoup plus sanglante, de la Bastille à Paris, le 14.
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      Puis, face à l'hypothétique menace de " brigands ", certains points stratégiques de la ville, à l'image du Pont de Pirmil, sont fortifiés ou contrôlés par la milice bourgeoise, ce qui fait naître une certaine tension populaire (avec les populations rurales surtout). En outre, le 20 juillet, un nouveau maire de Nantes est élu en la personne de l'armateur Christophe-Clair Kervégan. C'est un modéré apprécié qui sera largement réélu en 1790.

C.C Kervégan stoppe une émeute paysanne au niveau de l'octroi de Nantes, par H. Villaine.

       Pendant la Révolution, le château est plusieurs fois menacé, plusieurs pétitions demandent sa destruction. Un temps, les autorités révolutionnaires envisagent même de le vendre à la ville comme bien national (pour 500.000 livres). Mais la municipalité ne parvient pas à réunir la somme. Le château demeure alors la propriété de l’État, il sert de prison pour les moines réfractaires, les royalistes et les nobles réactionnaires. Et puis, il est attribué aux militaires, une chance qui lui évite de terminer en carrière de pierres comme bon nombre de monuments de prestige en cette période trouble. Le château survit tant bien que mal à la Révolution et aux rébellions royalistes chouannes et vendéennes. A la fin de l'année 1792, le peuple nantais brûlera néanmoins les archives du château, la perte de documents exceptionnels est regrettable pour les générations bretonnes futures. Mais la catastrophe la plus importante se déroulera le 25 mai 1800 avec l'explosion de la Tour des Espagnols...

Pour en savoir plus :

ici, GUICHETEAU (E.), Les ouvriers dans les manifestations révolutionnaires à Nantes en 1789-1791 : vers une identité collective ?, dans les Annales historiques de la Révolution française, 264 p, n° 359, janvier 2010.
GUYVARC'H (D.), La mémoire d'une ville. 20 images de Nantes, Morlaix, Éditions Skol Vreizh, 2001, 174 pp.
SAUPIN (Y.), Le château des ducs de Bretagne, Nantes, 2007, 20 pp.

Pour mon collage ci-dessus, voici les 2 fichiers dont la célèbre peinture de la prise de la Bastille au peintre inconnu que j'ai utilisé :

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