Situé non loin du bourg d'Orvault - commune suburbaine au nord de Nantes - le domaine du Château de la Tour est un lieu propice à la flânerie et à la rêverie (localisation précise ici), et ce même en décembre dernier avec les squelettes des arbres mis à nu, les feuilles au tapis et la terre molle à cause des récentes précipitations.
Avant de découvrir le cœur de la propriété, le promeneur longera les étangs et les bois du domaine puis empruntera, sur plus d'un kilomètre, une longue allée bordée de platanes et d'immenses hêtres centenaires. Tout d’abord, sur la droite, les marcheurs découvrent la
petite chapelle du château, un édifice gothique érigé au XIVème siècle qui est orné d’un magnifique vitrail classé. De l’autre côté de
l’allée les dépendances, et notamment un pressoir à long fût
ainsi qu'un puits, jouxtent le Château. Mais certains détails sur la
façade de la cour intérieure laissent rapidement présager que ce
domaine public manque d'entretien, de mécènes (malgré les "rénovations"
se bornant à éviter que l'ensemble ne se transforme en ruines).
Construit au XVIème siècle, et largement remanié par le Vicomte de Cécillon, le Château de la Tour demeure un endroit magique à l’esthétique très romantique. D'ailleurs, les gargouilles se dressent encore sévèrement pour protéger le château. Dernier bâtiment, l’Orangerie est située au bord de la prairie ; elle a été entièrement rénovée en 2002 afin d’accueillir la jeunesse des environs.
L'histoire du domaine : une question d'héritières
(texte original ici) :
1450
Le domaine de la Tour appartient à un noble breton, ministre à la cour
de Bretagne : le sieur PERROT. A cette époque, le château possède un mur
d'enceinte d'une hauteur de 2 mètres et l'entrée se fait seulement par
le côté nord-ouest. Il est probable que le domaine ait
connu d'autres propriétaires mais l'Histoire n'en a pas retenu les noms. De 1450 à 1487, le sieur Perrot réalise la rénovation des bâtiments et fait construire
la chapelle qu'il intègre au système de défense avec la présence d'une
tourelle. Mais l'invasion de la Bretagne par le roi de France, Charles
VIII, interrompt les travaux.
1501
A 19 ans, René PERROT succède à son père. Il reprend les travaux. Il abaisse le mur d'enceinte à 1,40 m et achève la construction de la chapelle en installant un magnifique vitrail où lui et son épouse, Jehanne Pastourel, sœur du seigneur de Bazoge, sont représentés. Ce vitrail a été classé, en 1988, au titre des Monuments Historiques, « comme témoignage rare de l'art du vitrail du XVIème siècle en Loire-Atlantique ».
1573
Louise PERROT, la seule héritière, épouse un membre de la famille des LEMOYNE DES ORMEAUX. C'est un homme de loi très cultivé, qui possède déjà un hôtel particulier à Nantes. Mais les nouveaux époux s'installent au château qu'ils rebaptisent « la Tour des Ormeaux ». 7 générations de Lemoyne vont se succéder.
1789
A la Révolution, les propriétaires du Domaine de la Tour n'émigrent pas et sont inquiétés. Une trace sur le registre des délibérations du Conseil Municipal témoigne que « le sieur Lemoyne de la Tour a été mis en liberté par l'agent national », ce qui sous entend qu'il a été détenu "quelques temps".
Début 19ème siècle
Le domaine devient la propriété du baron de RASCAS qui épouse Marie-Antoinette Lemoyne, dernière représentante de sa famille. En 1850, le baron de Rascas fait don au musée Dobrée (Nantes) de la Piéta en pierre de Loire datant du XVème - début XVIème siècle qui ornait l'autel de la chapelle de la Tour. En 1999, la Ville a fait réaliser une copie de cette piéta.
1874
Monsieur Thibaud de la Nicollière alors conseiller général et membre du conseil municipal d'Orvault achète les 125 hectares du domaine.
1900
La fille de Thibaud de la Nicollière, là encore seule héritière, épouse le vicomte Stéphen de Sécillon, famille de vieille lignée bretonne, originaire de Vannes. De cette union naîtront trois filles : Guyonne, Donatienne et Nanine de Sécillon C'est avec le vicomte que le domaine subit ses plus grandes transformations. Le mur d'enceinte est définitivement détruit. Les façades sud et nord du château sont aménagées en style néo-gothique avec des toitures en poivrière et des gargouilles. Le vicomte aménage également les communs avec un puits central. Le vicomte construit enfin l'orangerie dans le style XVIIIème et crée l'allée principale et les bassins. Sa mort en 1929, met un point final à ces travaux qui auront duré plus de 20 ans.
De 1940 à 1944
L'armée allemande occupe le château, ne laissant que 2 pièces à l'étage pour la famille de Sécillon. A leur départ, les troupes d'occupation emportent les objets de valeur.
1956
Le domaine est passé de 125 à 142 hectares et comprend 9 fermes.
Le domaine est passé de 125 à 142 hectares et comprend 9 fermes.
1982
Nanine de Sécillon, dernière propriétaire privée du château décède. Le domaine est mis en vente. La Mairie l'achète, restaure la toiture du château et ouvre le parc au public. Se pose alors la question du devenir du château. Les projets se multiplient. On parle d'en faire un musée de la poupée, une auberge de jeunesse, un lieu pour les réunions familiales. Aucune de ces idées ne se concrétisent faute de moyens et aussi de projets réellement viables.
1989
Restauration extérieure de la chapelle par le tailleur de pierre Jean-Louis Boistel. Comme il est de tradition, en architecture, de dessiner les armoiries du propriétaire, les armoiries d'Orvault sont donc sculptées ainsi que celles de la Bretagne.
1998
Restauration intérieure de la chapelle selon des techniques anciennes.
Le coq, dérobé en 1988, retrouve sa place au faîte du clocher. Depuis, le château semble malheureusement à l'abandon à l'image de la façade arrière, mais qu'en est-il des parquets, des cloisons, des murs intérieurs ...
Suite et fin le 28 octobre prochain ...
Commentaires