Question ludique du mois : Belz

Qu'est ce qu'on ne trouve qu'à Belz dans le Morbihan, et nul part ailleurs en France ?



Indice 1 : cet être vivant est extrêmement rare et en voie de disparition ...

Indice 2 :  au premier regard, l'apercevoir dans le champ où il est présent, n'est pas très facile, car il ne mesure que quelques centimètres ...

Indice 3 : cet être vivant ressemble au symbole d'un pays celte du nord de l'Europe, où vécurent autrefois les Calédoniens, les Pictes et les Scots ...

Indice 4 : cet être vivant appartient à la famille des apiacées ou ombellifères, comme le persil, l'aneth, le cerfeuil, le céleri, le cumin, le fenouil, la carotte etc ...


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La réponse : le panicaut vivipare


        Connaissez-vous le panicaut vivipare (Eryngium Viviparum) ? Sans doute pas, car on ne trouve cette petite plante qu’au nord de l’Espagne et en France, uniquement sur une parcelle de 1.000 m² située prés de la ria d’Etel. Une plante placée sous haute surveillance.






        Le panicaut vivipare, de la famille des ombellifères, ne mesure que quelques centimètres de haut et seul un œil averti peut le repérer même quand il est en fleur pendant l'été. Yvon Guillevic s’est passionné pour cette plante endémique du Morbihan. Le botaniste amateur, membre de Bretagne Vivante est aujourd’hui conservateur de l’unique parcelle de terrain qui recèle ce petit trésor. Une parcelle de 1.000 m², située tout près de la ria d’Etel.


Rosette d'Eryngium en bouton. Sous ses airs de "chardon", il appartient à la famille des ombellifères comme la carotte.


        Une découverte tardive Le panicaut vivipare a été découvert tardivement, en 1839, par un médecin d’Auray, le docteur Hémon. À l’époque, la plante est présente sur une quarantaine de sites dans le Morbihan, au sein d’un triangle Auray-Carnac-Belz. Car le panicaut vivipare, que l’on compare à tort à un petit chardon, a besoin d’un biotope très particulier pour se développer. Il pousse sur des sols limono-argileux et doit être recouvert par l’eau en hiver. Ce qui explique sa rareté.


        On s’est aperçu aussi qu’il voisinait souvent avec des mégalithes. C’est vrai en Bretagne mais aussi au nord de l’Espagne ou sa population est plus nombreuse (on le trouve sur une centaine d’hectares au total entre Galice et Léon).








Une espèce menacée
 
        Après guerre, le panicaut vivipare a peu à peu disparu du Morbihan, en raison notamment de l’urbanisation et de l’agriculture intensive. Retrouvée en 1975 par un botaniste local, Gabriel Rivière, elle fait depuis l’objet de toutes les attentions. Aujourd’hui, seule cette parcelle de 1 000 m² située non loin de Belz et inondée en hiver conserve environ 4.000 individus. Et depuis 1988, un arrêté préfectoral protège le site puis en le classant zone Natura 2000 et l’association Bretagne Vivante a acheté la parcelle.






        Le Conservatoire Botanique National situé à Brest, en cultive quelques spécimens et les chercheurs s’intéressent de près à ce joyau menacé. C’est le cas de Pauline Rascle, étudiante en biologie à l’Université de Bretagne Occidentale qui prépare une thèse sur le panicaut vivipare. Depuis novembre, la jeune femme vient régulièrement sur le site pratiquer des relevés et étudier la croissance de ses protégés. Car à terme, l’objectif est d’essayer de réintroduire la petite plante sur d’autres sites du Morbihan.


Deux vaches pie noire en renfort
 
        Et pour favoriser sa survie, chercheurs et botanistes comptent sur deux vaches pie noire bretonnes. Depuis 4 ans, les animaux passent l’été sur la parcelle. L’action combinée du piétinement et du broutage permet de fixer la plante au sol et de la disperser aux alentours. Et Pierrick Le Hen, l’heureux propriétaire des vaches pourra peut-être dire un jour qu’il a contribué à la survie de cette espèce en voie de disparition.


Pour aller plus loin :

ici : Rettig (I.), Une petite plante extrêmement rare, à Belz, et nulle part ailleurs en France, France 3 Bretagne, 7.08.2015. L'article original ayant servi pour mon article.
ici : L'Eryngium fait de la résistance !, Bretagne vivante.
ici, Magnagnon (S.), Conservation et restauration du Panicaut vivipare en Bretagne, Conservatoire botanique national de Brest, 2009.
ici : Gay (J.), (dir.), Plan national d'action en faveur du Panicaut vivipare (2012-2017), juillet 2012. 123 pages pour tout savoir sur la plante ...


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