Sur l’ilot-phare de Tévennec où il séjourne pendant deux mois, Marc
Pointud a dû être heureux d’appendre la nouvelle. Président national de
la Société des phares et balises qui s’investit dans la protection de
ces vestiges, il a apprécié la nouvelle étape de classement de phares en
monuments historiques dont une nouvelle liste vient d’être officialisée
par le ministère. Et elle comporte une innovation majeure : cette fois,
ce sont des phares de haute mer qui ont été classés alors que la
dizaine figurant dans la première liste de 2010 ne comportait que des
phares visitables, donc situés à terre.
Le phare de la Jument au large de Ouessant en 2007. |
Kéréon, Ar-Men, La Jument, Le Four…
En 2010, sous l’impulsion de Frédéric Mitterrand, alors ministre de
la culture, les phares entraient enfin dans le sanctuaire des monuments
classés. Si on excepte celui de Cordouan (Gironde), majestueux bâtiment
classé dès 1862, les phares restaient à la porte du patrimoine national,
au grand dam de ceux qui luttaient pour leur sauvegarde. Et comme dans
ce domaine, on n’avance qu’à pas comptés, le premier classement de 2010
ne faisait entrer que des phares visitables, accueillant donc du public
et qui n’avaient pas à faire face aux outrages de flots déchaînés. Les
dix premiers phares ainsi classés étaient bien sûr majoritairement
situés dans le Finistère avec l’Ile Vierge, le Stiff, Saint-Mathieu,
Créac’h, Pontusval et Eckmühl ainsi que Héaux de Bréhat et Cap-Fréhel
(22) Belle-Ile (56) et Grand Jardin (35).
Ar Men dans la chaussée de Sein. |
La seconde liste qui vient d’être publiée et n’attend plus que la
signature de la ministre, prend cette fois véritablement le large
puisqu’elle contient les noms mythiques de Kéréon, Ar-Men,
Pierres-Noires, La Jument, Le Four, Nividic et Batz (29), Triagoz et
Roches-Douvres (22). Des noms qui claquent au vent ! Cinq autres phares
font l’objet d’une inscription aux monuments historiques, stade inférieur
au classement : Tévennec, La Vieille, Ile de Sein, Penfret aux Glénan
et Pen-Men à Groix.
Dans l’Enfer d’Iroise
Si pour l’ensemble de ces phares, le ministère de la Culture et la
Drac (Direction régionale des affaires culturelles) travaillent main
dans la main, en Mer d’Iroise, le parc marin du même nom est également associé puisque c’est dans son périmètre, celui de « l’Enfer » pour les
phares, que sont situés les constructions les plus emblématiques. Un
observatoire a même été créé pour centraliser les informations et
établir des évaluations sur ce patrimoine et son état de conservation.
Il sera bien utile quand il s’agira d’établir des priorités dans la
réalisation des travaux, en tenant compte de l’intérêt historique et de
la richesse des aménagements intérieurs.
Restent à savoir quels seront les moyens mis à disposition pour
sauvegarder ces phares, un patrimoine dont l’État est propriétaire. Les
discussions engagées avec certaines régions pour un transfert éventuel
ne sont pas allées bien loin. On devine pourquoi.
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