Episode (1/6) Le transfert de l'aéroport, un projet qui vient de loin !

Préambule : Pour ou contre l'aéroport : qu'en penser avant le référendum du 26 juin (ici) ?

        L'idée d'une nouvelle plate-forme aéroportuaire à proximité de Nantes est une vieille histoire. Apparu en 1966, le projet a vu ses logiques se modifier : aéroport international, aéroport transatlantique, aéroport pour le Concorde, aéroport de fret, puis troisième aéroport du Grand Paris, et aujourd'hui aéroport du Grand Ouest. 

     - S'agit-il d'un « projet du passé, projet dépassé » comme le titrait l'hebdomadaire Le Paysan Nantais en novembre 2009 en reprenant un article de Jean Renard, rapporteur pour le Conseil de développement de Nantes Métropole ? 
     - Les retards accumulés pour la réalisation de cet équipement participent-ils à la montée en puissance des conflits ?

Le bocage résulte du défrichement tardif des landes au XIXe. Au premier plan, l'emplacement de la ZAD (Zone d'Aménagement différé) autour de la ferme du lieu-dit Les Domaines, renommée La Vache rit par les opposants au projet d'aéroport.


1). Un projet ambitieux né de la politique des métropoles d'équilibre et des Trente Glorieuses

 

         C'est en 1963, [...] sous le gouvernement du Général De Gaulle, en pleine période de croissance des Trente Glorieuses, et dans le cadre des métropoles d'équilibre, que l'idée de doter l'estuaire de la Loire d'un grand aéroport à vocation internationale, voire intercontinentale, a vu le jour. Le projet est relayé et porté en 1966 par l'Organisme d’Études et d'Aménagement de l'Aire Métropolitaine (OREAM) Nantes-Saint-Nazaire. La même année, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Nantes publie le texte suivant : « La Basse-Loire constitue un site maritime remarquable pour l'implantation d'un grand complexe industriel largement tourné vers l'extérieur, se développant autour d'une grande usine sidérurgique ou pétrochimique. Il sera un moteur puissant du développement économique de l'Ouest et renforcera la position industrielle de la France sur la zone atlantique qui sera la " Ruhr " du XXIe siècle ». Pas moins !

         Pour asseoir et confirmer cette grande destinée industrielle de l'estuaire de la Loire, il faut doter la région d'un grand équipement aéroportuaire. L'aéroport de Château Bougon, implanté depuis l'entre-deux guerres à seulement 3 kilomètres au sud-ouest de la ville, avec son trafic ne dépassant pas 200.000 passagers, ne saurait suffire. Il faut voir grand. Un aéroport international, type même du grand équipement structurant, favoriserait le développement de la métropole. Études et rapports se multiplient pour justifier le projet (ici : les prévisions de la CCI de Nantes en 1966).

        Les chargés d'études ajoutent le pari d'un essor considérable du fret aérien et vont jusqu'à envisager le transport aérien d'automobiles avec leurs passagers en provenance de Grande-Bretagne ! Un rapport de l'OREAM daté de 1976 évalue le trafic en l'an 2000 à 6 millions de passagers – le double du trafic réellement atteint en 2010 ! Les analyses de prospective n'avaient prévu ni l'évolution des coûts, ni les exigences du développement durable, ni l'arrivée du TGV et de la concurrence du rail pour les courtes liaisons et les relations facilitées avec les aéroports parisiens. Le projet nantais est bien le contemporain de gigantesques projets d'aéroports de grandes métropoles : Mirabel au Canada, et Narita au Japon.

ici : Montréal-Mirabel, l'échec d'un aéroport. Aéroport aujourd'hui fantôme puisque le dernier vol de passagers à eu lieu en ... 2004 !
ici : Tokyo-Narita, des ambitions contrariées.





        Au bout de trois ans d'études (1965-1968), les services de la préfecture de Loire-Atlantique retiennent le site de Notre-Dame-des-Landes après en avoir envisagé d'autres, notamment celui de Guémené-Penfao situé à mi-chemin entre Nantes et Rennes. Les élus de Rennes auraient préféré un emplacement plus proche de leur ville. L'analyse par la méthode du barycentre ou du centre de gravité des agglomérations a fait pencher pour une plus grande proximité de Nantes. Les Nantais affirment qu'une localisation à mi-chemin n'a aucune utilité pour personne ! Le choix du nom d'Aéroport Ouest Atlantique exprime les ambitions régionales face au centralisme parisien, combattu durant cette période d'âge d'or de la DATAR.


        La proximité de Nantes, la présence d'un plateau couvert de landes jusqu'au milieu du XIXème siècle, donc sur des terres estimées peu fertiles, et la position entre deux axes routiers, les routes de Rennes (RN 137) et de Vannes (RN 165), expliquent le choix de Notre-Dame-des-Landes. Aucune étude sur la présence de zones humides et le maintien d'un dense bocage géométrique mis en place tardivement n'est alors effectuée, les questions d'environnement n'étant pas à l'ordre du jour.


2). L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : les enjeux de la localisation



A suivre ..

Épisode 2 : Histoire d'un projet né dans la résistance presque immédiate (1966-2008)
Épisode 3 : Acteurs et enjeux du conflit (2008-2016).
Épisode 4 : L'impossible référendum de Notre-Dame-des-Landes (NDDL)
Épisode 5 : Le projet de NDDL face à la réussite de l'aéroport existant Nantes Atlantique !

Épisode 6 : Le destin de l'aéroport à travers le prisme des caricatures !


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