15 juin 1944 : l'éradication du maquis de Rohantic (29)

Elliant, dix ans auparavant en 1934.

        À partir de 1943, les fermes des environs de Rohantic sur la commune d'Elliant (29) accueillent une douzaine de réfractaires du STO (travail obligatoire). Étienne Gourlay, de la ferme de Kerhallec, scolarisé en primaire à Scaër raconte : 


  " Dans un premier temps les maquisards s'installent à Guern en Caro, avant de descendre 300 mètres plus bas dans la prairie de Rohantic ", raconte " Ils ont installé leur campement dans le bosquet parce que l'endroit était éloigné et qu'ils étaient sûrs de ne pas tomber dans un piège. Ils pouvaient compter sur les habitants ".





      Début mai 1944, les résistants organisent le maquis et montent les postes de garde. L'un au bas de chemin de la ferme de Rohantic, l'autre au bas de Foennec Veil, près de la rivière. Dans un premier temps ils montent une tente avant d'installer une autre à l'aide de bâches qui recouvraient les charrettes lorsqu'on se rendait à la foire.
      
Autres Hommes, autres territoires, des maquisards du 4ème bataillon du Morbihan (1944)

        Puis survient le débarquement en Normandie (06 juin). Le maquis de Rohantic, lui, est anéanti quelques jours plus tard, le 15 juin 1944, par les troupes allemandes dirigées par le lieutenant Hoffman. Pourtant, au regard de leur armement, quelques fusils et grenades, l’anéantissement de ce petit camp n'est pas prioritaire pour l’État major allemand. De plus et par rapport à d'autres maquis plus actifs dans la région, à Rohantic, leur action se limite à quelques sabotages, par exemple de fils téléphoniques. " Dans les premiers jours de juin, l'effectif dépasse la vingtaine d'hommes. Le maquis devient exigu, tant et si bien que certains dormaient dans le hangar ".



 Acte 1 
La localisation du maquis

        Dans l'après-midi du 15, Pierrot Cotten, Corentin le Doeuff et Jean Georgelin prennent en vélo la direction de Croix-Lanveur pour tenter de récupérer des armes sur les Allemands. En traversant Rosporden, ils voient venir devant eux une voiture allemande. Aussitôt ils mettent pied à terre et se dispersent. Seul Le Doeuff parvient à se sauver. Pierrot Cotten est fait prisonnier, Jean Georgelin, réfugié dans une prairie est vite retrouvé. Les Allemands vont les interroger jusqu'à ce qu'ils obtiennent l'emplacement du maquis. Georgelin subira les pires atrocités, avant d'être exécuté le lendemain à Cosquéric.


Acte 2 
L'encerclement et l'élimination des maquisards

Un maquisard nommé Stervinou rapporte :
« Je me trouvais au camp de Rohantic à réparer mon vélo, quand Jérôme Tréguier est venu prévenir qu'il fallait que tout le monde descende au bourg avec toutes les armes. Il y avait alors que 6 ou 7 hommes,  les 3 ou 4 autres étant partis au ravitaillement. Il a fallu aller les chercher pour qu'ils rejoignent immédiatement le camp. Pendant ce temps Mathao, le chef du camp, a pris mon vélo pour aller chercher de plus amples renseignements au bourg. À peine les hommes du ravitaillement arrivés, nous étions déjà encerclés, avant d'avoir vu Mathao. [...] Alors je suis monté sur le talus, j'ai vu les Boches à une soixantaine de mètres de moi. 5 ou 6 d'entre eux m'ont tiré dessus. Avant de traverser le bois, j'ai prévenu par signes Diffendal qui venait de tirer deux rafales de mitraillette à ma droite. Vu notre manque d'armes je n'avais qu'une solution, c'était de me camoufler dans le ruisseau qui se trouvait au bas du bois. De là, j'ai vu les Boches patrouiller dans le bois et fouiller près de la rivière par deux ou trois fois. En même temps d'autres groupes se lançaient à la poursuite des maquisards, d'autres enfin faisaient brûler les fermes. En revenant de Kerhallec, ils ont interrogé tout près de moi les quatre prisonniers qu'ils avaient faits. J'ai pu entendre Diffendal citer quelques noms parmi lesquels celui de Laurent Nédellec. Avant de quitter le camp, les Allemands ont fait lever ces prisonniers, et les ont tués l'un après l'autre pendant qu'ils les faisaient jurer sur la tête de leur mère qu'ils avaient été bien élevés. Dernier tué : Diffendal. Puis les Allemands se sont dirigés sur la ferme de Rohantic, ferme qu'ils ont brûlée en dernier lieu. "

        Le 15 juin 1944, l'attaque allemande du maquis de Rohantic, l'exécution de jeunes hommes, l'incendie de fermes, de maisons, les menaces de mort ont marqué la population.

Soldats allemands procédant à des contrôles d'identité, place des halles au Faouët (1944).
Elliant à l'heure de l'insouciance d'un mariage en 1930.


Pour aller plus loin :

Bougeard (C.), Histoire de la résistance en Bretagne, Paris, 1992.
Copernik (P.), Abcdaire de la résistance, Paris, 2001.
Fréville (H.), Archives secrètes de Bretagne 1940-1944, Rennes, 2008.
Lucas (J.), Un canton breton en 1939-1945 (Plouguenast), Langast, 2013.
Rondel (E.), Crimes nazis en Bretagne (septembre 1941 -août 1944), Saint-Malo, Astoure éditions, 2012
Maguer (C.), De Rosporden à Concarneau sous l'occupation, Le Faouët, 2014.
Morvan (F.), Miliciens contre maquisards : Enquête sur un épisode de la Résistance en Bretagne, Rennes, 2013. Episode datant de 11 juillet 1944.
Simmonet (S.), Atlas de la libération de la France : 6 juin 1944 - 8 mai 1945, Paris, Autrement, 2004.



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