L’établissement et la diffusion de l’illumination publique à Rennes au XVIIIe siècle


        En 1697, Louis XIV impose aux principales villes du royaume l'établissement de lanternes publiques. Le pouvoir central s'engage à assurer l'entretien du matériel par le versement d'une rente annuelle, mais pour en bénéficier, les villes doivent se racheter par le prélèvement d'une taxe sur les propriétaires. En dépit des résistances de la municipalité de Rennes qui considère l'illumination publique comme une dépense inutile, l'intendant veille à l'application de l'édit. Dès lors, l'éclairage public s’enracine progressivement dans le paysage urbain jusqu'à l'incendie de 1720. L'événement marque alors un coup d'arrêt dans le développement de l'illumination publique. Les quartiers centraux, les plus durement touchés, perdent leur primauté lumineuse jusqu'aux années 1740. Lorsque les luminaires reprennent leur place sur les artères principales, les habitants des quartiers périphériques réclament à leur tour une illumination publique. L'intérêt pour l'éclairage urbain se renforce dans la seconde moitié du xviiième siècle. Les lanternes à huile utilisées à Paris – les réverbères – rencontrent alors un vif succès à Rennes, à la différence des anciennes lanternes à chandelle. Sous l'impulsion de l'intendant, la communauté de ville décide d'adjuger l'éclairage au réverbère à un entrepreneur parisien réputé, Pierre Tourtille Sangrain. De fait, l'apparition d'une demande de lumière révèle une transformation des sensibilités urbaines. Considérés comme une marque d'urbanité par les autorités urbaines, les réverbères procurent désormais aux habitants un sentiment de sécurité.

Plan :

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L'illumination publique à Quimper avec les tournées des allumeurs de réverbères. De telles documents devaient exister également pour la ville de Rennes.

Illumination publique en 1761. Arch. mun. de Rennes ; " Plan de ville de Rennes et de la rivière d'Isle depuis le moulin et le pont Saint-Martin jusques près la ville ", 1787.

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Reculin (S.), The installation and development of public lighting in eigthteenth-century Rennes. 
 
   In 1697, Louis XIV required the main cities of the kingdom to establish public lanterns. The central government was committed to maintaining the equipment by paying an annuity, but to benefit from it, the cities had to establish a tax on home owners. Despite the municipality of Rennes's opposition to the edict – they considered that the lanterns were an unnecessary expense – the intendant ensured the application of the edict. Therefore, the street lighting gradually took root in the urban landscape until the fire of 1720. This event marked a halt in the development of public lighting. Until the 1740s, the central districts, the hardest hit, were no longer the best lit. When the lamps were set up once more in the main streets, the inhabitants of the outskirts also demanded public lighting. Interest in urban lighting grew throughout the second half of the eighteenth century. The oil lanterns used in Paris were very successful in Rennes, unlike the old candle lanterns. At the intendant's instigation, the city decided to award the contract for the street lighting to a renowned Parisian entrepreneur, Pierre Tourtille Sangrain. The growing demand for lighting revealed a shift in urban sensitivity. The streetlamps became seen by urban authorities as a mark of urbanity, providing a sense of security to residents.


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