1793 : début des effroyables Noyades de Nantes


Aubert Joseph, Les noyades de Nantes en 1793, huile sur toile, 400 x 500 cm, 1882, Don au musée des Beaux-arts de Nantes (1886).

        Au premier plan, le spectateur distingue une barque dans laquelle des sans-culottes révolutionnaires poussent un vieillard et des femmes à demi-nues. Les trois représentants du peuple (J-B. Carrier, Pinaud et Grand-Maison) et un piquet de soldats prennent place à l'arrière-plan, alors que la foule est maintenue par une barrière.

        " Un canonnier nommé Wailly, qui était, dans la nuit du 26-27 brumaire an II (16-17 novembre 1793), de faction à bord du ponton de la Samaritaine, stationné devant la Sécherie, et qui assista à l'évènement, l'a raconté ainsi :
      Environ minuit et demi, huit particuliers de moi inconnus se sont approchés du bord dudit pontons montés sur un canot ; je les ai hélés, et, au mot de " qui vive ! " il m’a été répondu : " Commandant, nous allons à bord ". En effet, ils se sont approchés et m’ont demandé la liberté de passer avec un gabareau, qu’ils me dirent être chargé de 90 brigands, que j’ai su depuis être 90 prêtres. Je leur ai répondu que la consigne qui m’était donnée était de ne laisser passer aucun bâtiment, que l’on ne m’apparaisse d’ordre supérieur. Sur ma réponse, l’un de ces individus, nommé Fouquet, me menaça de me couper en morceaux, parce que, ajouta-t-il, lui et sa troupe étaient autorisés à passer partout sans qu’on pût les arrêter. Je leur demandai à voir leurs pouvoirs, ils obéirent et me présentèrent un ordre conçu à peu près en ces termes, et signé Carrier, représentant du peuple : " Permis aux citoyens Fouquet et Lamberty de passer partout ou besoin sera avec un gabareau chargé de brigands, sans que personne puisse les interrompre ni troubler dans ce transport. "
      Muni de l’ordre du représentant Carrier que Fouquet et Lamberty venaient de me présenter, je ne crus pas devoir insister davantage ; en conséquence, les particuliers montant le canot et le gabareau contenant les individus passèrent sous la batterie du ponton où j’étais en faction, et un quart d’heure après j’entendis les plus grands cris partir du côté des bateaux qui venaient de se séparer de moi, et à la faveur du silence de la nuit, j’entendis parfaitement que les cris de ceux que j’avais entendus auparavant étaient ceux des individus renfermés dans le gabareau, que l’on faisait périr de la façon la plus féroce. Je réveillai mes camarades du poste, lesquels, étant sur le pont, ont entendu les mêmes cris, jusqu’à l’instant où tout fut englouti. "


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Pour en savoir plus :

ici, Notice complète Des noyades de Nantes, Joconde, Ministère de la Culture.
- Croix (A.), (dir.), Dictionnaire de Nantes, Rennes, Reprod. en coul. p. 716, 2013.
- Dauphin-Meunier (R.), Joseph Aubert (1849-1924) : la vie et l’œuvre d'un peintre chrétien, Thèse de doctorat sous la dir. B. Foucart, Paris Sorbonne, 2005.
- Souviron (C.), Rousseau (V.), Delouche (D.) et Leloup (D.), La peinture à Nantes 1800-1950, IN Arts de l'Ouest, fév. 1978.


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